Article publié sur le site internet de Le Monde
http://voyages.blog.lemonde.fr/2016/03/01/katmandou-1-dans-lattente-de-sa-reconstruction/
Merci beaucoup à Brigitte de nous avoir fait partager l'article.
Katmandou #1 : dans l’attente de sa reconstruction
Touché en avril 2015 par un des plus terribles séismes de son histoire, le Népal peine encore à se reconstruire. Les pertes humaines ont été importantes (8 800 morts et 50 000 blessés) et dans les zones sinistrées, quelques 500 000 familles vivent encore dans une misère extrême. Cette visite est ma première au Népal et je m’y rends dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Allibert trekking en décembre 2015 pour soutenir le pays.
Ma découverte commence à Katmandou où le paysage urbain est toujours très marqué par l’impact des tremblements de terre, mais où aussi, la vie continue au rythmes des pujas et autres cérémonies.
Kshitiz Khadka était au repos le jour du séisme. Une chance pour mon guide. Un groupe de touristes allaient arriver mais tout a été annulé. Depuis ce désastre, il n’a plus fait qu’un seul trek, cinq fois moins que d’habitude. A l’Ouest du pays, les Annapurna n’ont pas été touchées par le séisme et dans les régions sinistrées du Manaslu et du Lang Tang, 95% des sentiers de randonnée sont de nouveau praticables et pourtant, plus personne ne vient. Mais pour mon guide, c’est le tourisme culturel qui a le plus souffert. Il n’a plus accompagné un seul groupe depuis le tremblement de terre car de nombreux monuments ont été détruits. Notre tour dans la capitale en atteste, une grande partie du patrimoine architectural de Katmandou est à reconstruire.
Dans les lacis de ruelles de la vieille ville, la découverte se fait par les yeux, les oreilles et aussi le nez ! En sillonnant ce quartier, temples et autres sanctuaires sacrés offrent des scènes surprenantes de prières et autres sacrifices.
Au détour d’une rue, j’assiste à une cérémonie rituelle pancha bali dans un temple dédié à la déesse Kali. Âme sensible, préparez-vous : après le sacrifice des cinq animaux mâles que sont le buffle (que l’on peut sacrifier contrairement à la vache), le bouc, le canard, le mouton et le coq, les bêtes sont carbonisées sur la place pour pouvoir mieux leur retirer la peau et une fois vidées et découpées en morceaux, leur viande est partagé entre la famille des organisateurs et leurs voisins.
‘’On fait des pujas pour célébrer une naissance où lorsqu’un vœu se réalise et elles peuvent avoir lieu n’importe quel jour de la semaine’’ m’explique mon guide. A l’intérieur du même temple, des pujas tout aussi impressionnantes ont également lieu, sans sacrifice cette fois. Pour remercier Kali, les fidèles brulent aujourd’hui quelques 300 000 bougies tissées à la main.
Ces cérémonies hindouistes n’effacent pas le triste spectacle des temples en ruines de Durbar square. Ancienne cité des rois, ce quartier de temples et de palais construits entre les XVIIème et XVIIIème siècles était l’un des plus visités de la capitale. Aujourd’hui, certains édifices ne tiennent plus debout qu’avec des poutres en bois quand d’autres sont un amoncellement de briques à coté duquel une photo rappelle leur splendeur passée.
Depuis l’automne 2015, ces sites sont de nouveau ouverts au public mais le travail de reconstruction est très lent : inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1979, la procédure est longue et compliquée car tout doit être conforme aux normes de restauration et rénovation. Il faudra donc encore beaucoup de patience pour revoir Durbar square tel qu’il était avant le tremblement de terre.
Lieu emblématique de la capitale, Bodhnath n’a pas non plus été épargné. A la place de son immense stupa, des échafaudages en bambou où des ouvriers s’activent pour reconstruire l’imposante tour gajur qu’il a fallu démonter après le séisme car elle menaçait de s’effondrer.
Les travaux prendront encore bien une année et tout autour du dôme blanc, seules des photos rappellent à quoi ressemblaient ce site qui est aux bouddhistes ce que le Vatican est aux catholiques. Ici aussi, les décombres n’empêchent pas les fidèles de faire tourner les moulins à prières qui entourent l’édifice en ruines.
Après cette première journée passée à Katmandou, mon groupe et moi avons l’opportunité de rencontrer le premier ministre népalais pour aborder le thème de l’impact du séisme sur l’économie et le tourisme. Ce secteur représente en effet d’importants revenus mais les touristes ont désertés le pays alors que les décombres ont été déblayés et qu’il est à présent possible de faire du trek mais aussi de visiter des temples.
Autre sujet épineux, celui des aides aux sinistrés qui ont été versées mais toujours pas utilisées. Ce problème est lié à une grave crise à laquelle doit faire face le pays : en septembre 2015 était adoptée une nouvelle constitution qui a redéfini la carte du Népal en un découpage géographique ne correspondant pas à la réalité du pays. Se sentant lésée, les Tharous et Madhesi, ethnies vivant à la frontière indienne, ont décidé de se manifester en bloquant l’essence et le gaz. Les conséquences sont de taille : les matériaux nécessaires à la reconstruction des villages ne peuvent plus être acheminés dans les montagnes et les habitants coupent du bois pour se chauffer, mettant en péril leur environnement.
A l’heure où j’écris ces lignes, cet embargo vient tout d'être levé. L’espoir que le pays commence une véritable reconstruction.
: Malgré les tremblements du printemps 2015, il est tout à fait possible de visiter le Népal et d'y faire de la randonnée. Allibert trekking propose de nombreux circuits dans tout le pays : http://www.allibert-trekking.com/trekking-nepal.htm