- AFP/AFP/Archives - Vue aérienne de la ville de Pokhara, à 200 km à l'ouest de Katmandou, le 30 mai 2015
Les partis politiques au Népal sont parvenus à un accord historique en vue de l'approbation d'une nouvelle Constitution, le séisme dévastateur du 25 avril ayant poussé les politiques népalais à sortir d'années de discussions stériles.
Cet accord portant sur la création de huit provinces intervient peu après le double séisme qui a tué plus de 8.700 personnes et dévasté le pays, une situation qui a accru la pression sur les responsables politiques pour qu'ils mettent fin à leurs atermoiements.
Les parlementaires de l'Assemblée constituante avaient été incapables de tenir le calendrier prévu pour parvenir à un projet de Constitution après la fin d'une décennie d'insurrection maoïste qui a tué plus de 16.000 personnes et abouti à la fin de la monarchie.
Conséquence, le Népal, l'un des pays les plus pauvres de la planète, était plongé depuis la fin de cette guerre en 2006 dans un état de paralysie politique l'empêchant de prendre d'importantes décisions.
Selon le ministre de l'Information Minendra Rijal, le séisme du 25 avril qui a détruit près d'un demi-million de logements a servi de déclencheur, forçant les rivaux politiques à s'entendre.
La tragédie des séismes "nous a motivés pour travailler ensemble" et "il y avait une volonté d'aboutir", a-t-il ajouté, parlant de "percée majeure" à propos de ce texte annoncé dans la nuit de lundi à mardi.
Cet accord sur la création de provinces est une étape vers la création d'une structure fédérale qui rejoint la demande des maoïstes de réduire les pouvoirs de l'exécutif national.
Il laisse cependant en suspens la délicate question des frontières de ces provinces, source de désaccords potentiels, selon des spécialistes.
"C'est un accord incomplet qui renvoie à plus tard cette question cruciale", a réagi Prashant Jha, journaliste et auteur d'un livre sur l'histoire contemporaine du Népal.
"Les partis ont renoncé à leurs responsabilités en évitant un accord sur les frontières intérieures", ajoute-t-il. "La Constitution qui en sortira sera un document qui va profondément diviser et sera contesté dès le premier jour".
- 'Décision audacieuse' -
L'opposition maoïste veut que les nouvelles provinces permettent de favoriser l'émergence des communautés historiquement marginalisées mais les autres partis craignent que cela ne renforce les fractures et menace l'unité nationale.
"Nous avons pris une décision audacieuse, tout ce qui est dans l'accord ne correspond pas à notre programme", a réagi Narayan Kaji Shrestha, un dirigeant maoïste.
L'accord sera inclus dans un projet de Constitution qui doit être approuvé par les deux tiers de l'Assemblée constituante. Ce projet sera prêt en juillet, selon les membres de l'Assemblée.
En vertu de cet accord, le Népal continuera d'avoir un Premier ministre disposant de pouvoirs exécutifs et un président doté d'un rôle de représentation.
Une commission fédérale va être mise sur pied et aura six mois pour établir les frontières intérieures et les soumettre à l'Assemblée pour approbation.
Selon Guna Raj Luitel, le rédacteur en chef du quotidien Nagarik, le séisme du 25 avril a poussé les parties à s'entendre.
"Tout le monde en avait assez des partis, les gens pensaient que jamais la Constitution ne verrait le jour car aucun accord ne semblait possible", explique-t-il.
"Après le premier séisme, les choses ont changé, les partis semblent avoir réalisé qu'ils devaient travailler ensemble pour reconstruire le pays", ajoute-t-il.