Au camp de base de l’Everest, la propagation du covid-19 est devenue préoccupante. Pourtant, les autorités restent muettes, tout comme les opérateurs d’expéditions. Comment expliquer ce silence face à une telle crise ?
Il y a quelques heures, le Polonais Pawel Michalski évoquait quelques 30 évacuations depuis le camp de base (lien en polonais). Cet alpiniste qui est actuellement membre d’une expédition sur l’Everest est aux premières loges. D’autres sources, plus discrètes, ont évoqué de 5 à 8 évacuations par jour. Officiellement pourtant, il ne s’est rien passé. Circulez, il n’y a rien à voir ! Avec presque 1.000 personnes au camp de base, dont plusieurs officiers de liaison employés par les autorités, Katmandou ne peut pas ne pas savoir. L’équipe médicale du camp de base a communiqué sur des « cas confirmés de covid avec évacuation du camp de base » il y a déjà une semaine (lien en anglais).
Silence ! Les autorités népalaises et la censure à l’Everest !
Selon plusieurs sources concordantes, les autorités népalaises auraient même fait comprendre aux opérateurs d’expéditions qu’ils n’ont aucun intérêt à faire la publicité de ce qui se passe au camp de base. Ces derniers ne souhaitant pas se voir entraver la saison prochaine quand ils demanderont des permis d’ascension, accepteraient donc ce marché très discutable. Au camp de base, les panneaux et les cordes ont fleuri pour délimiter les différentes équipes et encourager chacun à rester chez soi. Reste que certaines équipes, parfois composées de plusieurs dizaines d’alpinistes, posent sur des photos de famille sans masque et sans respect des distances. Ajoutons à cela la qualité relative des tests PCR effectués en arrivant au Népal et on obtient un résultat détonnant. “Personne n’est vraiment rassuré par la situation” nous confirme un alpiniste au camp de base.
Après une année blanche, le tourisme des expéditions imagine difficilement une interruption de cette nouvelle saison. D’autant qu’elle a démarré sur les chapeaux de roues, avec un nombre de permis record. D’ores et déjà plus de 400 ont été délivrés. A la clé, quelques 3.5 millions d’Euros payés par les alpinistes. Un budget colossal pour un pays parmi les plus pauvres d’Asie. Les opérateurs d’expédition sont également assis sur une somme importante. Avec plus de 400 clients cette saison et des packages vendus en moyenne 40-45.000 Euros, c’est en dizaines de millions d’Euros que se compte le chiffre d’affaire de ce printemps à l’Everest. La machine est lancée, l’arrêter en cours de route serait désastreux.
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Les expéditions continuent : le Camp 4 ouvert, des blessés héliportés !
Dans le même temps, les sherpas ont installé des cordes fixes jusqu’à presque 8.000 mètres, au Col Sud. Permettant l’ouverture officielle du Camp 4 ! Les rotations d’acclimatation continuent, sans parler de celles des hélicoptères. Plusieurs vols ont permis ces jours derniers d’apporter du matériel au Camp 2. Evitant ainsi la dangereuse traversée de la Cascade de Glace à de nombreux porteurs.
Deux d’entre eux ont malencontreusement chuté dans une crevasse ces jours-ci. Ils ont été rapidement tirés de là et évacués vers un hôpital de Katmandou. Des blessés qui viennent s’ajouter au chaos déjà décrit dans les villes du Népal. Car à Katmandou, personne ne nie que l’on est rentré dans une nouvelle vague de contaminations au covid. Les cas positifs dans le pays atteignent de nouveaux records et ce n’est qu’une partie de l’iceberg. Les capacités de tests et le manque de machines PCR empêchent de tester autant que nécessaire dans plusieurs régions du pays.
Illustration © Everest ER