Le gouvernement népalais a dévoilé, mercredi, une série de mesures visant à empêcher le trafic d'enfants qui s'accélère depuis le séisme du 25 avril.
Ce mois-ci, les autorités indiennes ont dû porter secours à une vingtaine de petits Népalais, tombés dans les griffes des trafiquants d'hommes. Leur cible: les enfants qui se retrouvent sans-abri depuis le séisme meurtrier du 25 avril au Népal, et vivant depuis dans des camps de fortunes surpeuplés. Afin d'enrayer ce phénomène grandissant, le gouvernement népalais a décidé d'agir. Mercredi, il a dévoilé un plan visant à la protection des enfants. «Nous craignions que les trafiquants ne profitent de la situation dans laquelle se trouve la population», s'est alarmé le porte-parole du ministre Ram Prasad Bhattarai.
Les autorités népalaises ont annoncé que les adoptions étaient suspendues pour une durée de trois mois à compter de ce mercredi. En 2010 déjà, plusieurs pays - parmi lesquels les Etats-Unis et le Canada - avaient interrompu les adoptions d'enfants en provenance du Népal. Ils avaient découvert que des orphelinats privés confectionnaient de faux-papiers certifiant que les enfants à adopter étaient orphelins alors que leurs parents étaient, en réalité, toujours en vie.
Le gouvernement a ajouté que les enfants devront désormais être accompagnés par leurs parents ou leur tuteur légal lorsqu'ils se déplaceront dans le pays «Cette restriction vise à protéger les enfants qui se retrouvent aujourd'hui sans-abri», a déclaré la ministre des Affaires familiales. Une lettre de permission de la Commission centrale du bien-être de l'enfant est désormais également obligatoire pour les enfants qui voyageraient seuls, a précisé M. Bhattarai.
Surveillance accrue des frontières
Ces restrictions surviennent quelques jours après que la police a retrouvé dans des bus de différentes régions népalaises, deux groupes d'enfants accompagnés d'adultes sans aucun lien de parenté avec eux. Les enfants ont été placés dans des refuges gouvernementaux, tandis que la police enquête encore sur l'affaire.
Des milliers d'enfants sont conduits chaque année du Népal jusqu'à l'Inde voisine pour travailler dans des exploitations agricoles ou des quartiers de prostitution. La frontière poreuse entre le Népal et l'Inde rend le pays himalayen vulnérable face à cette situation.
La catastrophe du mois dernier n'a fait qu'aggraver le problème, d'après les spécialistes. «Les trafiquants attirent les enfants avec la promesse de l'éducation et d'une vie meilleure», explique Ramesh Bhandari, travaillant pour une ONG népalaise de défense des droits de l'enfant, avant d'ajouter: «Le risque est de voir ces enfants se retrouver contraints de travailler, d'être exploités sexuellement et même vendus pour le commerce du sexe».
Afin de limiter ces flux illégaux, la police et les agences de sécurité ont décidé de renforcer la surveillance dans les zones affectées par le séisme ainsi que le long de la frontière. «Nous sommes en alerte élevée 24 heures sur 24 et nous surveillons de façon stricte les zones frontalières avant tout franchissement», a assuré la porte-parole de la police, Kamal Singh Bam.
Le séisme du 25 avril, qui a tué plus de 8600 personnes et dévasté les zones rurales, laisse derrière lui des milliers de démunis qui rêvent de se reconstruire.