samedi 9 janvier 2021

Le marxiste Khadga Prasad Sharma Oli convoque des élections anticipées au Népal

 La présidente de la République, Bidhya Devi Bhandari, a entériné la décision du premier ministre et annoncé des législatives le 30 avril.

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Publié le 21 décembre 2020 à 14h00

Le Népal a plongé dans une nouvelle crise politique et institutionnelle, dimanche 20 décembre, avec la décision soudaine du premier ministre « KP » Sharma Oli de dissoudre la Chambre des députés. Alors qu’un groupe de 91 parlementaires appartenant à la branche maoïste du Parti communiste népalais, au pouvoir depuis bientôt trois ans, s’apprêtait à faire dissidence en déposant une motion de censure contre le gouvernement, le chef de l’exécutif, d’obédience marxiste, les a pris de court en début de matinée, en optant pour des élections anticipées. En milieu de journée, la présidente de la république, Bidhya Devi Bhandari, a entériné la dissolution en annonçant la convocation de législatives les 30 avril et 10 mai 2021.

« Le premier ministre « KP » Sharma Oli affrontait des problèmes persistants au sommet du parti au pouvoir. Face à une telle situation, la tradition démocratique veut que l’on redonne la parole au peuple pour lui demander un nouveau mandat », a expliqué Rajan Bhattarai, conseiller diplomatique de M. Oli. Aussitôt après, sept ministres maoïstes ont démissionné pour dénoncer une décision allant « contre le mandat du peuple et les principes politiques » du pays. Selon de nombreux dirigeants de l’opposition et plusieurs juristes de renom, le premier ministre n’a pas le droit de dissoudre ainsi la Chambre basse du Parlement.

« La nouvelle Constitution népalaise, promulguée en 2015, ne donne pas au chef du gouvernement le droit de dissolution, tant qu’existe la possibilité de formation d’un autre gouvernement. Une disposition spécifique a été introduite en ce sens dans la loi fondamentale pour garantir la stabilité politique du pays », a souligné l’avocat constitutionnaliste Bipin Adhikari. « C’est un coup d’Etat », a affirmé, pour sa part, son confrère Bhimarjun Acharya, fondateur de l’association Constitutional Lawyers Forum.