La fonte des glaces entraîne la formation de lacs menaçants pour les populations vivant près de l'Everest. Les autorités ont passé six mois à drainer l'un d'eux.
Le lac glaciaire Imja Tsho a dû être drainé par les autorités du Népal, car des milliers de personnes vivaient sous la menace d'une inondation. "Le drainage était prioritaire pour le gouvernement en raison des risques élevés qu'il présentait. Nous avons réussi à éloigner un désastre pour le moment", a expliqué Top Bahadur Khatri, responsable du projet de réduction des risques de débordement des lacs glaciaires. "Un tunnel de 45 mètres de long a été aménagé pour permettre l'évacuation des eaux" vers la vallée, précise-t-il, lundi 31 octobre.
Le chantier de drainage a duré six mois
Quarante soldats de l'armée népalaise et plus d'une centaine de personnel local, rompu aux altitudes élevées, ont œuvré en équipes depuis le mois d'avril pour réaliser les travaux. Le matériel était acheminé par les airs ou à l'aide de yaks. Après six mois de chantier, le niveau des eaux du lac a été abaissé de 3,5 mètres, alors qu'Imja Tsho est profond de près de 150 mètres. Cela représente plus de cinq millions de mètres cubes d'eau drainés au total.
Perché à 5010 mètres d'altitude, Imja Tsho est le lac glaciaire qui grossit le plus vite au monde. Ainsi, la superficie du lac s'était accrue de 0,4 à 1,01 hectare entre 1984 et 2009. Cette menace est directement liée au réchauffement climatique (en anglais, pdf), expliquent les scientifiques, car il entraîne une fonte accélérée des glaciers de l'Himalaya, avec pour conséquence la formation d'immenses lacs glaciaires. L'eau accumulée est alors susceptible de déborder et de dévaster des localités entières.
La fonte des glaciers de l'Everest, un enjeu humain
Selon les spécialistes, une inondation d'Imja Tsho menacerait la vie de plus de 50 000 personnes vivant dans les villages environnants. L'opération de drainage, organisée sous les auspices du gouvernement népalais en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le Développement(en anglais), pourrait en appeler d'autres. "Nous avons l'intention maintenant de procéder à la même opération pour d'autres lacs glaciaires à haut risque", a d'ailleurs indiqué Top Bahatur Khatri, alors que le Népal en compte 3000 au total.
Une étude de l'International Centre for Integrated Mountain Development, basé à Katmandou, a montré grâce à l'utilisation d'images satellite (ci-dessus) que les glaciers du Népal se sont déjà réduits de près d'un quart entre 1977 et 2010. Plus inquiétant encore, une étude internationale d'envergure publiée en 2014 mettait en garde contre la fonte des glaciers de l'Everest, qui pourraient se réduire de 70% ou disparaître complètement d'ici la fin du siècle, en raison du réchauffement climatique.