jeudi 5 juillet 2018

Information sur le Népal


Le Bureau central des statistiques népalais à publié en novembre 2011 sa troisième enquête sur le niveau de vie du pays, les deux précédentes datant de 1996 et 2004. Cette étude fort intéressante, dont les principaux indicateurs et tendances sont résumés ci-dessous, dépeint un pays dont l’évolution va dans le bon sens, mais lentement. Les quelques progressions fulgurantes enregistrés sont liées à l’émigration qui apporte un bol d’oxygène à la société népalaise, mais représente sur le long terme un risque certain.

Cette étude est complétée par le recensement décennaire dont les résultats préliminaires viennent d’être publiés et dont les principaux chiffres sont :

recensement
2001
2011
évolution
population totale
23 151 423
26 620 809
14,99%
taux de croissance
2,25
1,4
-37,78%
taille des ménages
5,44
4,7
-13,60%

Ces chiffres sont une surprise dans la mesure où les projections indiquaient une population d’environ 30 millions. La différence est due en partie au conflit 1996-2006 mais surtout à l’impact massif de l’émigration :

20% de la population au moins, dont 90% d’hommes, vit en dehors du pays
52% des familles ont au moins un membre émigré
26,6% des ménages sont dirigés par l’épouse.

Ainsi, un certains nombre d’éléments  ont  permis une chute radical du taux de croissance, de la taille des ménages et une sensible diminution de la population de moins de 14 ans, passée de 42% à 36% ; il s’agit de :
-          l’émigration, avec 85 hommes restés au pays pour 100 femmes,
-          les avancées du control des naissances, désormais connu de 83% des femmes et  la progression de la santé, avec seulement 2,8% des enfant non vaccinés,
-          Cette tendance a été encouragée par une diminution des revenus agricoles (de 53 à 35%), où les enfants sont une main d’œuvre, au profit des revenus salariés, où les enfants représentent une charge.

Cette population a géographiquement glissé vers la plaine du Térai, qui compte désormais 50,15% de la population totale, et vers la vallée de Katmandou dont la population a augmenté de 61% pour atteindre 2,5 millions d’habitants. La baisse du taux de croissance et l’émigration ont même provoqué un dépeuplement de certaines régions, principalement dans le centre montagneux du pays.

Les Népalais vivent beaucoup mieux qu’il y a 15 ans. Cette impression évidente de progrès que l’on ressent en circulant en dehors de Katmandou est confirmée par une progression positive de tous les indicateurs sans exception.

Soulignons ainsi, par exemple, la progression des ménages électrifiés (de 14 à 70%), disposant d’eau propre (de 70 à 83%) ou le taux d’alphabétisation des moins de 6 ans, passé de 38 à 61%.

Evolution remarquable, les revenus moyens des plus pauvres ont plus progressés que ceux des plus riches et cette progression a été sensible, même en tenant compte de l’inflation, avec une progression du pouvoir d’achat de l’ordre de 20% par an. Toutefois, cette progression ne doit pas grand-chose à l’industrialisation du pays, quasi nulle, ou à l’amélioration de sa productivité : elle est presque entièrement due l’explosion des rentrées d’argent des émigrés, qui sont passées de 130 à 2.590 Meuros annuel (23% du PIB) de 1996 à 2011.  Cet argent bénéficie essentiellement aux plus pauvres, comme en témoigne son utilisation, 78% de ces sommes étant consacrées à la consommation courante, ce qui explique que seuls 15 des ménages estiment aujourd’hui ne pas manger assez, contre la moitié en 1996.

Cette impression de progrès général doit cependant être pondérée d’une part par sa relative lenteur, comme en témoignent les évolutions annuelles moyennes données ci-dessous, et par sa dépendance à l’émigration.

Le Népal progresse, certes, mais il pourrait progresser beaucoup plus vite s’il était mieux aidé par une classe politique trop préoccupée par le partage du pouvoir et pas assez par le bien général, le développement ou la bonne gouvernance. Le taux de croissance du PIB stagne ainsi entre 3 et 4,5%, très loin derrière les autres pays de la zone.

Par ailleurs, si la jeunesse de la population assure pour longtemps encore un réservoir de personnes susceptibles d’émigrer, cette émigration, de par les ressources qu’elle génère mais aussi le manque de main d’œuvre sur place qu’elle provoque, n’encourage pas le développement. Le Népal devient ainsi dramatiquement dépendant de la conjoncture internationale et se met à la merci des politiques d’immigration d’une demi-douzaine de pays tout en faisant l’économie des efforts indispensable pour développer une économie locale forte capable d’assurer son avenir.


pourcentages sauf indication autre
évolution en %
genre
indicateur
1996
2004
2011
sur 15 ans
annuelle
démographie
population de 0 à 14 ans
42,4
39,6
36,7
-5,7
-0,38
démographie
rapport hommes / femmes
95,5
92,3
85,6
-9,9
-0,66
démographie
chef de famille féminine
13,6
19,6
26,6
13
0,87
services
ménages électrifiés
14,1
37,2
69,9
55,8
3,72
services
ménages avec eau propre
70,4
81,2
83
12,6
0,84
services
ménages avec toilettes fermés
21,6
38,7
56
34,4
2,29
éducation
taux alphabétisation des + de 6ans
37,8
50,6
60,9
23,1
1,54
santé
population non vaccinée
21,1
7,4
2,8
-18,3
-1,22
santé
taux de fertilité
5,1
3,6
3,4
-1,7
-0,11
santé
connaissance du planing familial
59,7
76,7
82,6
22,9
1,53
migration
population émigrée
NA
NA
20,3


migration
ménages ayant au moins un émigré
NA
NA
52,8


migration
ménages bénéficiant de l'émigration
23,4
31,9
55,8
32,4
2,16
migration
argent des émigrés (Meuros)
130
460
2 590
1992%
133%
migration
part utilisée pour la consomation usuelle


78,9


agriculture
population agricole

79,9
76,3


agriculture
surface cultivée par famille (hectares)
1,1
0,8
0,7
-0,4
-0,03
revenus
revenus moyen national par personne (€ 2011)
77 €
152 €
417 €
542%
36%
revenus
revenus moyen par personne : 20% + pauvres (€ 2011)
20 €
40 €
159 €
787%
52%
revenus
revenus moyen par personne : 20% + riches (€ 2011)
193 €
405 €
941 €
487%
32%
revenus
part nationale des revenus agricoles
53
37
35
-18
-1,20
revenus
ménages ayant recours aux prêts
61,3
68,8
65
3,7
0,25
revenus
ménages ayant recours aux prêteurs sur gages
36,7
26
15,1
-21,6
-1,44
revenus
ménages pensant ne pas manger assez
50,9
31,2
15,7
-35,2
-2,35