Le Bureau central des
statistiques népalais à publié en novembre 2011 sa troisième enquête sur le
niveau de vie du pays, les deux précédentes datant de 1996 et 2004. Cette étude
fort intéressante, dont les principaux indicateurs et tendances sont résumés ci-dessous,
dépeint un pays dont l’évolution va dans le bon sens, mais lentement. Les
quelques progressions fulgurantes enregistrés sont liées à l’émigration qui
apporte un bol d’oxygène à la société népalaise, mais représente sur le long
terme un risque certain.
Cette étude est complétée par le
recensement décennaire dont les résultats préliminaires viennent d’être publiés
et dont les principaux chiffres sont :
recensement
|
2001
|
2011
|
évolution
|
population
totale
|
23 151 423
|
26 620 809
|
14,99%
|
taux
de croissance
|
2,25
|
1,4
|
-37,78%
|
taille
des ménages
|
5,44
|
4,7
|
-13,60%
|
Ces chiffres sont une surprise
dans la mesure où les projections indiquaient une population d’environ 30
millions. La différence est due en partie au conflit 1996-2006 mais surtout à l’impact massif de l’émigration :
20% de la population au moins,
dont 90% d’hommes, vit en dehors du pays
52% des familles ont au moins un
membre émigré
26,6% des ménages sont dirigés
par l’épouse.
Ainsi, un certains nombre
d’éléments ont permis une chute radical du taux de
croissance, de la taille des ménages et une sensible diminution de la
population de moins de 14 ans, passée de 42% à 36% ; il s’agit de :
-
l’émigration, avec 85 hommes restés au pays pour 100
femmes,
-
les avancées du control des naissances, désormais connu
de 83% des femmes et la progression de
la santé, avec seulement 2,8% des enfant non vaccinés,
-
Cette tendance a été encouragée par une diminution des
revenus agricoles (de 53 à 35%), où les enfants sont une main d’œuvre, au
profit des revenus salariés, où les enfants représentent une charge.
Cette population a
géographiquement glissé vers la plaine du Térai, qui compte désormais 50,15% de
la population totale, et vers la vallée de Katmandou dont la population a augmenté
de 61% pour atteindre 2,5 millions d’habitants. La baisse du taux de croissance
et l’émigration ont même provoqué un dépeuplement de certaines régions,
principalement dans le centre montagneux du pays.
Les Népalais vivent beaucoup
mieux qu’il y a 15 ans. Cette impression évidente de progrès que l’on ressent
en circulant en dehors de Katmandou est confirmée par une progression positive
de tous les indicateurs sans exception.
Soulignons ainsi, par exemple, la
progression des ménages électrifiés (de 14 à 70%), disposant d’eau propre (de
70 à 83%) ou le taux d’alphabétisation des moins de 6 ans, passé de 38 à 61%.
Evolution remarquable, les
revenus moyens des plus pauvres ont plus progressés que ceux des plus riches et
cette progression a été sensible, même en tenant compte de l’inflation, avec
une progression du pouvoir d’achat de l’ordre de 20% par an. Toutefois, cette
progression ne doit pas grand-chose à l’industrialisation du pays, quasi nulle,
ou à l’amélioration de sa productivité : elle est presque entièrement due
l’explosion des rentrées d’argent des émigrés, qui sont passées de 130 à 2.590
Meuros annuel (23% du PIB) de 1996 à 2011.
Cet argent bénéficie essentiellement aux plus pauvres, comme en témoigne
son utilisation, 78% de ces sommes étant consacrées à la consommation courante,
ce qui explique que seuls 15 des ménages estiment aujourd’hui ne pas manger
assez, contre la moitié en 1996.
Cette impression de progrès
général doit cependant être pondérée d’une part par sa relative lenteur, comme
en témoignent les évolutions annuelles moyennes données ci-dessous, et par sa
dépendance à l’émigration.
Le Népal progresse, certes, mais
il pourrait progresser beaucoup plus vite s’il était mieux aidé par une classe
politique trop préoccupée par le partage du pouvoir et pas assez par le bien
général, le développement ou la bonne gouvernance. Le taux de croissance du PIB
stagne ainsi entre 3 et 4,5%, très loin derrière les autres pays de la zone.
Par ailleurs, si la jeunesse de
la population assure pour longtemps encore un réservoir de personnes
susceptibles d’émigrer, cette émigration, de par les ressources qu’elle génère mais
aussi le manque de main d’œuvre sur place qu’elle provoque, n’encourage pas le
développement. Le Népal devient ainsi dramatiquement dépendant de la conjoncture
internationale et se met à la merci des politiques d’immigration d’une demi-douzaine
de pays tout en faisant l’économie des efforts indispensable pour développer
une économie locale forte capable d’assurer son avenir.
pourcentages sauf indication autre
|
évolution en %
|
|||||
genre
|
indicateur
|
1996
|
2004
|
2011
|
sur 15 ans
|
annuelle
|
démographie
|
population
de 0 à 14 ans
|
42,4
|
39,6
|
36,7
|
-5,7
|
-0,38
|
démographie
|
rapport
hommes / femmes
|
95,5
|
92,3
|
85,6
|
-9,9
|
-0,66
|
démographie
|
chef
de famille féminine
|
13,6
|
19,6
|
26,6
|
13
|
0,87
|
services
|
ménages
électrifiés
|
14,1
|
37,2
|
69,9
|
55,8
|
3,72
|
services
|
ménages
avec eau propre
|
70,4
|
81,2
|
83
|
12,6
|
0,84
|
services
|
ménages
avec toilettes fermés
|
21,6
|
38,7
|
56
|
34,4
|
2,29
|
éducation
|
taux
alphabétisation des + de 6ans
|
37,8
|
50,6
|
60,9
|
23,1
|
1,54
|
santé
|
population
non vaccinée
|
21,1
|
7,4
|
2,8
|
-18,3
|
-1,22
|
santé
|
taux
de fertilité
|
5,1
|
3,6
|
3,4
|
-1,7
|
-0,11
|
santé
|
connaissance
du planing familial
|
59,7
|
76,7
|
82,6
|
22,9
|
1,53
|
migration
|
population
émigrée
|
NA
|
NA
|
20,3
|
||
migration
|
ménages
ayant au moins un émigré
|
NA
|
NA
|
52,8
|
||
migration
|
ménages
bénéficiant de l'émigration
|
23,4
|
31,9
|
55,8
|
32,4
|
2,16
|
migration
|
argent
des émigrés (Meuros)
|
130
|
460
|
2 590
|
1992%
|
133%
|
migration
|
part
utilisée pour la consomation usuelle
|
78,9
|
||||
agriculture
|
population
agricole
|
79,9
|
76,3
|
|||
agriculture
|
surface
cultivée par famille (hectares)
|
1,1
|
0,8
|
0,7
|
-0,4
|
-0,03
|
revenus
|
revenus
moyen national par personne (€ 2011)
|
77 €
|
152 €
|
417 €
|
542%
|
36%
|
revenus
|
revenus
moyen par personne : 20% + pauvres (€ 2011)
|
20 €
|
40 €
|
159 €
|
787%
|
52%
|
revenus
|
revenus
moyen par personne : 20% + riches (€ 2011)
|
193 €
|
405 €
|
941 €
|
487%
|
32%
|
revenus
|
part
nationale des revenus agricoles
|
53
|
37
|
35
|
-18
|
-1,20
|
revenus
|
ménages
ayant recours aux prêts
|
61,3
|
68,8
|
65
|
3,7
|
0,25
|
revenus
|
ménages
ayant recours aux prêteurs sur gages
|
36,7
|
26
|
15,1
|
-21,6
|
-1,44
|
revenus
|
ménages
pensant ne pas manger assez
|
50,9
|
31,2
|
15,7
|
-35,2
|
-2,35
|