Les donateurs internationaux, Inde et Chine en tête, ont promis jeudi d'octroyer 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) pour la reconstruction du Népal, dont le gouvernement a promis une "tolérance zéro" envers la corruption.
Le Népal estime avoir besoin de 6,7 milliards de dollars pour se rétablir après le séisme qui a tué plus de 8.800 personnes, détruit un demi-million de logements et jeté à la rue des milliers d'habitants manquant d'eau et de nourriture.
L'appel aux dons a été "un grand succès", récoltant 2,2 milliards de dollards de prêts et 2,2 milliards de dons, a commenté le ministre des Finances népalais, Ram Sharan Mahat, à l'issue de la réunion des donateurs, jeudi.
La ministre des Affaires étrangères de l'Inde, Sushma Swaraj, a promis 1 milliard de dollars pour la reconstruction, dont un quart sous forme d'aide mais sans donner de détail pour le reste.
Son voisin et rival chinois s'est engagé à fournir une assistance représentant 3 milliards de yuans (483 millions de dollars). Les deux puissances asiatiques se sont historiquement livré à une lutte d'influence au Népal et tous deux se sont fortement impliqués dans l'assistance aux victimes après le séisme.
La Banque mondiale avait promis dès mardi 500 millions de dollars tandis que la Banque Asiatique de développement (BAD) s'est engagée à hauteur de 600 millions, le Japon 260 millions, les Etats-Unis 130 et l'Union européenne 100.
Le gouvernement veut centraliser toute l'aide dans un nouvel organisme public pour coordonner la reconstruction mais certains donateurs internationaux s'inquiètent de voir les fonds mal utilisés en raison d'une bureaucratie envahissante et d'un manque d'organisation.
Le Premier ministre Sushil Koirala a exhorté les donateurs réunis à Katmandou à "travailler avec nous, le gouvernement du Népal" tout en promettant une "tolérance zéro contre la corruption".
"En toute bonne foi, je vous assure que nous mettrons tout en oeuvre pour que l'aide atteigne ses bénéficiaires car nous sommes redevables devant nos citoyens", a-t-il dit en ouverture de cette conférence.
- Un Népalais sur 10 sans abri -
Le Népal, l'un des pays les plus pauvres du monde, a un besoin urgent d'aide pour reconstruire les logements, les écoles et hôpitaux détruits ou endommagés par le séisme du 25 avril et la puissante réplique du 12 mai.
Une personne sur 10 se retrouve sans toit depuis le séisme. La fragile économie a été durement touchée par la catastrophe, la croissance annuelle étant désormais attendue à 3% seulement, son rythme le plus faible depuis huit ans.
Certains experts pointent une absence de projet détaillé pour mener cet effort.
"Il manque une stratégie claire (..) Le gouvernement doit exposer un plan crédible de mise en oeuvre des projets de reconstruction avec un calendrier", a dit Chandan Sapkota, économiste de la BAD au Népal, avant la conférence.
Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim a souligné que "l'argent sera important pour reconstruire un Népal plus résilient (..) mais ce n'est pas qu'une question d'argent".
"La façon dont ses fonds sont dépensés est tout aussi importante", a-t-il dit dans son message vidéo aux délégués.
La communauté internationale avait ainsi promis plusieurs milliards de dollars d'aide à Haïti après le séisme qui avait ravagé le pays en janvier 2010.
Mais ces promesses s'étaient peu concrétisées, les donateurs retardant leurs engagements en raison de craintes de corruption et de l'instabilité politique. Plusieurs milliers d'Haïtiens vivent ainsi toujours dans des abris d'urgence cinq ans après le séisme.
"Le suivi est extrêmement important: quand les promesses sont faites, le gouvernement formule ses projets en conséquence mais si l'argent ne vient pas, tout est remis en cause", relève Poonam Khetrapal Singh, directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l'Asie du sud-est.
Dev Ratna Dhakhwa, secrétaire général de la Croix Rouge népalaise, a fait part de son scepticisme sur la politique de "guichet unique" du gouvernement pour la reconstruction, estimant que les partis politiques tentaient déjà de détourner l'aide.
"Des personnes utilisent leur influence politique pour mettre sous pression les autorités et accéder aux fonds destinés aux victimes en obtenant l'inscription de leur nom sur les registres tenus par le gouvernement", a-t-il dit.