mercredi 30 décembre 2015

Passang Tamang un ami de Muskan de Rasuwa


La vie en village,


La vie en village, d’après Passang Tamang.
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Pendant un petit séjour à Sarsyoo, un petit village à flanc de montagne, j’ai fait la connaissance de Passang Tamang. Jeune Népalais de 23 ans, père de trois enfants, il est fermier. Pendant la saison des treks, il travaille aussi comme porteur, un boulot pas très bien payé et très dur physiquement.
« On porte parfois de très lourdes charges, l’équivalent de trois gros sacs à dos de voyage. »
Il a été mon interprète car peu de monde parle anglais dans les villages qui sont hors des sentiers touristiques. Il n’y a pas de trek dans cette région. Mais il m’a aussi donné sa vision de la vie dans les montagnes. Pour sa part, il n’a jamais été en ville plus de quelques jours. Sa vie est ici. Il ne quittera pas son village, ni la montagne.
En effet beaucoup de jeunes de son âge partent à Katmandou où ils espèrent trouver du travail. Souvent ce n’est pas le cas. Ils tentent alors d’aller travailler à l’étranger. Les visas pour l’Europe étant chers et compliqués à obtenir, ils se rabattent souvent sur les pays du Qatar ou d’Asie du Sud-Est. Mais comme il dit :
« En général, ils font un peu d’argent là-bas, en dépensent beaucoup sur place, puis reviennent pas beaucoup plus riches. »
C’est triste de voir les campagnes se vider. Pourtant on comprend bien que ces jeunes essaient de s’en sortir, de trouver des solutions.
Passang a décidé de se battre à son petit niveau pour que les jeunes du village accèdent à une bonne éducation. Il essaie par exemple de trouver des sponsors pour les enfants qui en ont le plus besoin. Un sponsor étant une personne qui prend en charge les frais scolaires, par exemple. C’est ce que nous avons fait pour deux enfants grâce à la cagnotte en ligne lancée il y a quelques mois.
Il espère que ces jeunes resteront aussi au village pour continuer à donner de la vie dans les montagnes.
« En ce moment il y a du monde » m’a-t-il dit, « car ce n’est pas la saison des treks. Mais dès l’arrivée des beaux jours, les hommes qui peuvent porter, partent accompagner les groupes de trekkeurs. Les fermiers et fermières se déplacent avec leurs animaux plus près de la forêt. Il ne reste plus au village que les anciens et les enfants. »
Quand nous parlons politique, il me répond pareil que tous les Népalais que j’ai rencontrés auparavant. Il sait que la corruption et la mauvaise gestion font mal au pays.
« C’est déjà un pays pauvre et enfermé entre deux grosses puissances. Comment faire ? »
Il m’a expliqué que même avec des diplômes, si on n’est pas plus ou moins proche d’un parti politique, les opportunités d’accéder à un bon travail sont rares…
Il m’a montré les montagnes en fond de vallée. D’après lui, il y a dix ans seulement, à cette période elles étaient recouvertes de neige, et la neige restait.
« Cette année il  a neigé deux ou trois fois, mais ça n’a pas tenu. »
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Puis on en est venu à parler agriculture. Il aime beaucoup son métier de fermier. Il possède quelques terrasses et espère bien en acquérir d’autres afin d’augmenter sa production.
« Avant c’était un pauvre métier, mais aujourd’hui on a appris à cultiver et on obtient de meilleurs rendements. »
Je lui ai alors demandé s’ils utilisaient des produits chimiques… Evidemment Monsanto et ses copains n’ont pas épargné les habitants des pays pauvres comme le Népal. Peut-être sont-ils les derniers clients de la chaîne, maintenant que les pays plus riches se réveillent enfin.
Et cette crise économique due à l’embargo indien ? Elle vous touche aussi ?
Il sourit et me répond :
« Tu sais, nous ici on a toujours cuisiné au bois, et du bois on n' a qu’à aller en chercher dans la forêt. La forêt est là. Du pétrole on n’en a guère besoin, on se déplace à pied. Les médicaments ont bien augmenté, mais dans nos villages, on ne prend des médicaments qu’en dernier recours… On se soigne avec des plantes et on sacrifie des animaux. »
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En effet la crise est bien plus terrible pour les habitants de Katmandou qui doivent acheter du bois. (Le bois est taxé par l’état). Quant au gaz et au pétrole, ils sont hors de prix et très dur à obtenir.
Passang est un bel exemple pour les plus jeunes du village. Il est cultivé, intéressant, fier de son village et de sa culture. Il fera tout son possible pour aider les jeunes à s’en sortir. J’ai été ravi de le rencontrer. Nous avons échangé nos contacts et je reviendrai le voir.