Perdre la vie à cause de ses règles. Au Népal, cette ineptie est une réalité. Le nombre de victimes à déplorer à cause du Chaupadi, tradition qui contraint les femmes hindoues à s’exiler pendant leurs règles, ne cesse de croître. Suite à un énième décès, les défenseurs des Droits de l’Homme exigent que le pays prenne les mesures nécessaires pour mettre un terme à cette coutume aussi sexiste que dangereuse.
Si les règles sont rarement synonymes de sérénité chez les femmes, pour des milliers de Népalaises, cette période peut s’avérer être particulièrement risquée. Et pour cause, dans l’ouest du pays, la tradition du Chaupadi, bien que déclarée illégale en 2005 par la Cour suprême du Népal, continue de faire des victimes. Alors que le 9 janvier dernier, les corps d’une mère et de ses deux enfants étaient retrouvés sans vie dans une hutte de menstruation, moins d’un mois après, la dangerosité de cette pratique millénaire est de nouveau pointée du doigt suite au décès de Parbati Bogati, 17 ans.
L’adolescente, isolée du reste de son village afin de ne pas contaminer les autres habitants pendant ses règles, avait trouvé, comme la coutume l’exige, refuge dans une hutte de menstruation. Frigorifiée dans ce baraquement fait de terre et de boue, la jeune femme aurait allumé un feu pour tenter de se réchauffer. Sa dépouille a été retrouvée sans vie suite à étouffement provoqué par la fumée.
Pour beaucoup, ces disparitions successives sont la preuve que le pays n’est pas assez impliqué dans la lutte contre le Chaupadi, "La punition ne suffit pas et le gouvernement n'a pas de politique spécifique pour éliminer cette tradition", a déclaré Mohna Ansari, membre de la Commission népalaise des Droits de l'Homme. Actuellement, la loi prévoit pour les personnes se rendant coupables d’exil menstruel une peine d’emprisonnement de trois mois et une amende de 3 000 roupies (23 euros). Une sentence dérisoire qui n’est que rarement appliquée, voire jamais, ce qui exaspère la militante, "Les lois existantes doivent être révisées et un plan clair pour mettre fin à la pratique doit être formulé et mis en œuvre."
Si les responsables du gouvernement népalais tentent de se défendre en rappelant le programme de sensibilisation lancé dans les zones pauvres et reculées de l’ouest du pays, ces explications peinent à convaincre, "Nous devons démolir les baraques en métal et lancer des campagnes de grande envergure pour sensibiliser les communautés et les familles au fait que les femmes ne deviennent pas impures simplement en ayant leurs règles" s’insurge Renu Adhikari Rajbhandari de l'Alliance nationale népalaise pour les femmes qui n’hésite pas à clamer haut et fort que le gouvernement peut et doit en faire davantage.