dimanche 31 janvier 2016

Le Népal tremble encore

Le Dauphiné Libéré
Au grand loto de l’actualité, notre compassion chancelle d’un mauvais numéro à l’autre. C’est ainsi, les malheurs du monde affluant, le rouleau compresseur médiatique, ne sachant où donner du projecteur, a une fâcheuse tendance à l’amnésie. Les amis du Népal, ils sont nombreux dans nos régions, n’ont pas oublié les 9000 morts du séisme du printemps dernier. Et une partie des 8 millions de personnes impactées qui vivent encore dans des abris de fortune. La visite de François Hollande en Inde saluant chaudement son hôte Narendra Modi qui venait lui passer de juteuses commandes, leur a inspiré des sentiments divers. L’Inde, futur premier marché au monde, client que l’on soigne royalement. Après tout, quelle bonne raison aurait notre président de forcer la main de fer de l’homme fort du sous-continent qui dope nos exportations, soulage notre économie et contient notre chômage ?
Savait-il seulement que depuis le 20 septembre l’Inde impose un blocus non officiel au Népal meurtri, son principal partenaire commercial ? Les dirigeants de ce dernier sont certes les premiers responsables. Après bien des tergiversations ils parvenaient enfin à une Constitution, consacrant leurs efforts à cette mission quand une partie du pays attendait pour reconstruire sa maison. Ladite Constitution indispose l’ethnie du sud, proche de l’Inde. Et depuis le Népal vit avec moins de 30 % de ses besoins en pétrole, gaz et autres viatiques. Le Népal tampon et otage entre la Chine et l’Inde qui convoitent son château d’eau. Une situation d’embargo qui entrave sa reconstruction balbutiante. Et alors que l’hiver himalayen est rude, les populations touchées subissent une autre crise humanitaire. Oui si certains Népalais tremblent encore, c’est bien de froid. Dans l’indifférence du monde qui passe d’une crise à l’autre, comme il zappe de BFM à D8.