Quentin Müller et Sebastian Castelier ont récemment sorti l’ouvrage « Les esclaves de l’homme-pétrole » aux éditions Marchialy. Pendant cinq années, les deux hommes ont recueilli plus d’une soixantaine de témoignages de travailleurs immigrés dans les pays du Golfe et, notamment, au Qatar. Une manière de mettre en lumière ces hommes et femmes victimes d’un « néo-esclavagisme » à un peu plus d’un mois de la Coupe du monde de football au Qatar.
Un titre fort « Les esclaves de l’homme pétrole ». Des noms de chapitres qui font froid dans le dos : « enterrement au bulldozer / La Kafala, le socle de l’exploitation golfienne » . Une recette payante pour Quentin Müller et Sebastian Castelier, co-auteurs de l’ouvrage paru récemment aux Éditions Marchialy. Pendant cinq années, les deux hommes ont enquêté et recueilli une soixante de témoignages auprès de travailleurs immigrés dans les pays du Golfe.
Originaires d’Asie ou d’Afrique, ces hommes et femmes aux conditions de vie déplorables vivent dans le silence. Les deux hommes ont souhaité leur laisser la parole. Une fois libérés, leurs discours sont tous aussi poignants les uns que les autres. « Ils confirment surtout que ces pays tirent leur puissance du sang et des larmes des travailleurs précaires ». Entretien avec Quentin Müller à plus d’un mois d’une très controversée Coupe du monde de football au Qatar.
Comment vous est venue l’idée de cet ouvrage ?
Avec Sebastian, nous sommes sur la péninsule arabique depuis cinq ans. Alors, forcément, nous étions amenés à rencontrer ces travailleurs au fil du temps. Il faut savoir que les travailleurs immigrés sont plus nombreux que les locaux dans ces pays. Au fur et à mesure, on créait des liens avec ces gens. Parfois de manière intentionnelle, mais la question de la vie des immigrés arrive vite sur le tapis. Ils nous ont raconté de brèves histoires personnelles ou familiales. C’était très violent, raciste, mortel même sordide. L’arrivée de la Coupe du monde était un prétexte pour nous car cette grande fête était l’occasion de mettre un coup de lumière sur le « néo-esclavagisme ».
Sur le terrain, des choses vous ont forcément marqué…
Oui, des choses très dures, très difficiles. J’ai notamment vu des travailleurs alités après des accidents de travail et dont les frais de soins n’étaient pas pris en charge par leurs employeurs alors que c’est obligatoire dans la loi qatarie. J’ai vu des travailleurs affamés parce qu’ils n’étaient plus payés. Ils sont tombés dans la mendicité. Ils vont sur des marchés informels de produits périmés dans la zone industrielle de Doha parce qu’ils ne peuvent pas se nourrir correctement faute de revenus suffisants. J’ai vu des travailleurs se shooter ou boire de l’alcool chimique destiné à l’industrie pharmaceutique pour oublier leurs conditions de vie. C’est tout simplement indigne d’un pays riche comme le Qatar qui se vante d’avoir atteint un niveau de perfection dans sa société, dans son urbanisme…
Le Qatar est en train de mettre au chômage technique des travailleurs immigrés
Dans l’ouvrage, vous dîtes que les travailleurs étaient surpris que vous les abordiez pour parler de leur vie personnelle mais qu’ils se confiaient facilement. Comment l’expliquer ?
Dans les pays du Golfe, on parle majoritairement de géopolitique, de gaz, de pétrole mais on ne s’intéresse pas au poumon économique de ces pays qui est la main-d’œuvre étrangère. Les travailleurs sont invisibilisés par les locaux parce que ce sont des machines, des robots, qui travaillent pour permettre l’émergence de ces pays. Alors, forcément, quand des étrangers viennent les voir pour parler d’eux et de leurs sentiments, ils sont surpris. Ils occupent des postes qui sont intellectuellement répétitifs et n’amènent pas à l’expression des sentiments. On a recueilli plus de soixante témoignages en Inde, au Koweït, au Soudan, au Kénya, au Qatar et au Népal.
Le Qatar se méfie des journalistes. Avez-vous eu peur lors de votre voyage sur le sol qatari ?
J’ai flippé oui. Il y a une fois où j’ai été suivi par deux femmes dans une Porsche dans la zone industrielle de Doha. Elles m’empêchaient de partir et appelaient sûrement la police à ce moment-là. J’étais un peu parano.
D’un côté personnel, je ne risquais pas grand-chose hormis la confiscation de mon matériel et une expulsion du territoire. De l’autre, c’était surtout pour les travailleurs avec qui je discutais et dont j’avais les contacts dans mon téléphone. J’avais peur pour leurs vies.
Ce climat confirme que le Qatar ne veut surtout pas que ces pratiques se sachent…
Mais bien sûr ! Récemment, une organisation non gouvernementale a sorti un rapport prouvant que le Qatar est en train de mettre au chômage technique et forcé des travailleurs étrangers pour qu’ils rentrent chez eux. Beaucoup de ceux présents dans la zone industrielle sont relogés dans de sombres zones ou devront rentrer chez eux. Ils font le ménage parce qu’ils ne veulent pas que les journalistes, supporters découvrent cela pendant la Coupe du monde. Ils veulent éviter tous risques d’émeutes, de rassemblements de travailleurs dont l’action pourrait être catastrophique pour le pays et son image durant un tel événement.
Tout le contraire de l’image que le pays renvoie…
Ils font tout pour rayonner à l’international car ils se savent faibles militairement. C’est leur seule manière d’exister et de rayonner sous peine de tomber dans l’anonymat le plus total. Ce qu’il se passe au Qatar est la faute de la Fifa avec l’attribution de cette Coupe du monde. L’esclavagisme existait déjà mais cela s’est accentué. Chaque année, ce sont 10 000 travailleurs asiatiques qui meurent dans les pays du Golfe. 10 000. Et encore c’est sûrement sous-estimé.
Je ne fais pas d’injonction envers les supporters et les joueurs qui iront à la Coupe du monde de Qatar
« Leurs récits sont l’essence même de leur humanité dont ils ont été largement dépossédés pendant des années, dans des pays où ils n’étaient que les rouages d’une machine qui broie de l’humain depuis trop longtemps. » Cette phrase écrite à la fin de votre avant-propos résume bien le ton de votre livre…
C’est un système qui tire sa puissance et toute sa richesse de l’exploitation de l’Homme. Ils ont fait leur succès et leur puissance sur le sang et les larmes des travailleurs précaires. C’est insupportable et il faut que cela cesse. Il faut le dénoncer le plus possible et cette Coupe du monde le permet.
Vous parlez aussi beaucoup des travailleurs népalais et du système de haruwa-charuwa, le travail forcé des terres au Népal. Finalement, ces travailleurs semblent fuir des conditions de vie encore plus difficiles dans leur pays natal…
On ne le dit pas assez. En partant, ces travailleurs venus d’Asie et d’Afrique échappent à des conditions de travail très compliquées. Ils fuient un système d’exploitation encore plus précaire. Il ne faut pas oublier que le Népal, par exemple, tire un quart du capital de son PIB grâce à l’argent des travailleurs immigrés à l’étranger. Il y a aussi le prestige social de partir vers ces pays. Un prestige économique aussi puisque l’on gagne plus qu’au Népal. Quand ils reviennent dans leur village, ils bénéficient d’un statut social différent.
LIRE AUSSI. ENTRETIEN. « On a choisi l’alerte » : pourquoi Amnesty n’appelle pas au boycott du Mondial au Qatar
Cela explique que certains partent dans ces pays alors qu’ils viennent de voir l’un des leurs revenir de la péninsule arabique dans un cercueil ?
Ils n’ont pas le choix, certains vivent dans des campagnes très pauvres et notamment le Teraï (nord du pays). Si on reste au Népal, c’est la survie tous les jours. On voit sa famille ne manger qu’une fois par jour ou ne pas manger. On voit les enfants ne pas aller à l’école. Il n’y a pas le choix pour que les générations d’après souffrent moins. C’est un sacrifice pour le peuple népalais afin de quitter cette grande précarité. Quand certains reviennent, ils n’ont plus que quelques mois à vivre parce qu’ils souffrent de problèmes rénaux en raison des mauvaises conditions d’accueil en péninsule arabique.
ENTRETIEN. « C’est du néo esclavagisme » : un livre accable les conditions de travail au Qatar
Quentin Müller et Sebastian Castelier ont récemment sorti l’ouvrage « Les esclaves de l’homme-pétrole » aux éditions Marchialy. Pendant cinq années, les deux hommes ont recueilli plus d’une soixantaine de témoignages de travailleurs immigrés dans les pays du Golfe et, notamment, au Qatar. Une manière de mettre en lumière ces hommes et femmes victimes d’un « néo-esclavagisme » à un peu plus d’un mois de la Coupe du monde de football au Qatar.
Un titre fort « Les esclaves de l’homme pétrole ». Des noms de chapitres qui font froid dans le dos : « enterrement au bulldozer / La Kafala, le socle de l’exploitation golfienne » . Une recette payante pour Quentin Müller et Sebastian Castelier, co-auteurs de l’ouvrage paru récemment aux Éditions Marchialy. Pendant cinq années, les deux hommes ont enquêté et recueilli une soixante de témoignages auprès de travailleurs immigrés dans les pays du Golfe.
Originaires d’Asie ou d’Afrique, ces hommes et femmes aux conditions de vie déplorables vivent dans le silence. Les deux hommes ont souhaité leur laisser la parole. Une fois libérés, leurs discours sont tous aussi poignants les uns que les autres. « Ils confirment surtout que ces pays tirent leur puissance du sang et des larmes des travailleurs précaires ». Entretien avec Quentin Müller à plus d’un mois d’une très controversée Coupe du monde de football au Qatar.
Comment vous est venue l’idée de cet ouvrage ?
Avec Sebastian, nous sommes sur la péninsule arabique depuis cinq ans. Alors, forcément, nous étions amenés à rencontrer ces travailleurs au fil du temps. Il faut savoir que les travailleurs immigrés sont plus nombreux que les locaux dans ces pays. Au fur et à mesure, on créait des liens avec ces gens. Parfois de manière intentionnelle, mais la question de la vie des immigrés arrive vite sur le tapis. Ils nous ont raconté de brèves histoires personnelles ou familiales. C’était très violent, raciste, mortel même sordide. L’arrivée de la Coupe du monde était un prétexte pour nous car cette grande fête était l’occasion de mettre un coup de lumière sur le « néo-esclavagisme ».
Sur le terrain, des choses vous ont forcément marqué…
Oui, des choses très dures, très difficiles. J’ai notamment vu des travailleurs alités après des accidents de travail et dont les frais de soins n’étaient pas pris en charge par leurs employeurs alors que c’est obligatoire dans la loi qatarie. J’ai vu des travailleurs affamés parce qu’ils n’étaient plus payés. Ils sont tombés dans la mendicité. Ils vont sur des marchés informels de produits périmés dans la zone industrielle de Doha parce qu’ils ne peuvent pas se nourrir correctement faute de revenus suffisants. J’ai vu des travailleurs se shooter ou boire de l’alcool chimique destiné à l’industrie pharmaceutique pour oublier leurs conditions de vie. C’est tout simplement indigne d’un pays riche comme le Qatar qui se vante d’avoir atteint un niveau de perfection dans sa société, dans son urbanisme…
Le Qatar est en train de mettre au chômage technique des travailleurs immigrés
Dans l’ouvrage, vous dîtes que les travailleurs étaient surpris que vous les abordiez pour parler de leur vie personnelle mais qu’ils se confiaient facilement. Comment l’expliquer ?
Dans les pays du Golfe, on parle majoritairement de géopolitique, de gaz, de pétrole mais on ne s’intéresse pas au poumon économique de ces pays qui est la main-d’œuvre étrangère. Les travailleurs sont invisibilisés par les locaux parce que ce sont des machines, des robots, qui travaillent pour permettre l’émergence de ces pays. Alors, forcément, quand des étrangers viennent les voir pour parler d’eux et de leurs sentiments, ils sont surpris. Ils occupent des postes qui sont intellectuellement répétitifs et n’amènent pas à l’expression des sentiments. On a recueilli plus de soixante témoignages en Inde, au Koweït, au Soudan, au Kénya, au Qatar et au Népal.
Le Qatar se méfie des journalistes. Avez-vous eu peur lors de votre voyage sur le sol qatari ?
J’ai flippé oui. Il y a une fois où j’ai été suivi par deux femmes dans une Porsche dans la zone industrielle de Doha. Elles m’empêchaient de partir et appelaient sûrement la police à ce moment-là. J’étais un peu parano.
D’un côté personnel, je ne risquais pas grand-chose hormis la confiscation de mon matériel et une expulsion du territoire. De l’autre, c’était surtout pour les travailleurs avec qui je discutais et dont j’avais les contacts dans mon téléphone. J’avais peur pour leurs vies.
Ce climat confirme que le Qatar ne veut surtout pas que ces pratiques se sachent…
Mais bien sûr ! Récemment, une organisation non gouvernementale a sorti un rapport prouvant que le Qatar est en train de mettre au chômage technique et forcé des travailleurs étrangers pour qu’ils rentrent chez eux. Beaucoup de ceux présents dans la zone industrielle sont relogés dans de sombres zones ou devront rentrer chez eux. Ils font le ménage parce qu’ils ne veulent pas que les journalistes, supporters découvrent cela pendant la Coupe du monde. Ils veulent éviter tous risques d’émeutes, de rassemblements de travailleurs dont l’action pourrait être catastrophique pour le pays et son image durant un tel événement.
Tout le contraire de l’image que le pays renvoie…
Ils font tout pour rayonner à l’international car ils se savent faibles militairement. C’est leur seule manière d’exister et de rayonner sous peine de tomber dans l’anonymat le plus total. Ce qu’il se passe au Qatar est la faute de la Fifa avec l’attribution de cette Coupe du monde. L’esclavagisme existait déjà mais cela s’est accentué. Chaque année, ce sont 10 000 travailleurs asiatiques qui meurent dans les pays du Golfe. 10 000. Et encore c’est sûrement sous-estimé.
Je ne fais pas d’injonction envers les supporters et les joueurs qui iront à la Coupe du monde de Qatar
« Leurs récits sont l’essence même de leur humanité dont ils ont été largement dépossédés pendant des années, dans des pays où ils n’étaient que les rouages d’une machine qui broie de l’humain depuis trop longtemps. » Cette phrase écrite à la fin de votre avant-propos résume bien le ton de votre livre…
C’est un système qui tire sa puissance et toute sa richesse de l’exploitation de l’Homme. Ils ont fait leur succès et leur puissance sur le sang et les larmes des travailleurs précaires. C’est insupportable et il faut que cela cesse. Il faut le dénoncer le plus possible et cette Coupe du monde le permet.
Vous parlez aussi beaucoup des travailleurs népalais et du système de haruwa-charuwa, le travail forcé des terres au Népal. Finalement, ces travailleurs semblent fuir des conditions de vie encore plus difficiles dans leur pays natal…
On ne le dit pas assez. En partant, ces travailleurs venus d’Asie et d’Afrique échappent à des conditions de travail très compliquées. Ils fuient un système d’exploitation encore plus précaire. Il ne faut pas oublier que le Népal, par exemple, tire un quart du capital de son PIB grâce à l’argent des travailleurs immigrés à l’étranger. Il y a aussi le prestige social de partir vers ces pays. Un prestige économique aussi puisque l’on gagne plus qu’au Népal. Quand ils reviennent dans leur village, ils bénéficient d’un statut social différent.
LIRE AUSSI. ENTRETIEN. « On a choisi l’alerte » : pourquoi Amnesty n’appelle pas au boycott du Mondial au Qatar
Cela explique que certains partent dans ces pays alors qu’ils viennent de voir l’un des leurs revenir de la péninsule arabique dans un cercueil ?
Ils n’ont pas le choix, certains vivent dans des campagnes très pauvres et notamment le Teraï (nord du pays). Si on reste au Népal, c’est la survie tous les jours. On voit sa famille ne manger qu’une fois par jour ou ne pas manger. On voit les enfants ne pas aller à l’école. Il n’y a pas le choix pour que les générations d’après souffrent moins. C’est un sacrifice pour le peuple népalais afin de quitter cette grande précarité. Quand certains reviennent, ils n’ont plus que quelques mois à vivre parce qu’ils souffrent de problèmes rénaux en raison des mauvaises conditions d’accueil en péninsule arabique.
Cela semble être un cercle sans fin. Comment contrecarrer ce système ?
C’est surtout aux pays d’origines de faire le nécessaire en améliorant les services publics en donnant plus d’opportunités d’emploi aux jeunes. Il faut mettre fin à la corruption et aux clientélismes pour que les jeunes diplômés puissent rester dans leur pays et améliorer l’éducation : beaucoup de jeunes ne dépendent que de petits boulots.
Il faut mettre fin à des systèmes négatifs. C’est aussi aux pays du Golfe d’accueillir au mieux ces travailleurs en les payant plus. En les logeant, nourrissant dignement, en leur donnant une eau minérale de qualité et non trop salée. En s’assurant que leurs droits soient respectés. Et faire en sorte que les entreprises qui ne payent pas soient bannies. Ce sont des mesures tout à fait possible mais évidemment qu’elles font appel à une redistribution des richesses bien plus importantes dans les pays d’accueil et les pays des immigrants.
Et ce système risque de perdurer avec l’attribution des Jeux asiatiques d’hiver en 2029 en Arabie Saoudite…
Une domestique malgache a été violée puis enterrée à coups de bulldozer là-bas. Pourquoi ? Parce qu’elle avait fui son patron violent… Leur ville futuriste de Néom n’est pas encore sortie de terre. Ils vont solliciter une main-d’œuvre colossale pour la faire. Cela va être pire qu’au Qatar. Combien de cadavres en plus ? Combien de familles brisées, de destins tragiques pour ces Jeux d’hiver d’Asie ?
Est-ce une solution de boycotter la Coupe du monde ?
Non. Je ne fais pas d’injonction envers les supporters et les joueurs. Je pense qu’il faut la jouer. Il faut que les supporters et joueurs aillent rencontrer les travailleurs. Il faut que les nations gagnant de l’argent grâce à la Coupe du monde reversent une partie de leurs gains aux familles endeuillées.
Durant vos cinq années d’enquête, une des personnes rencontrées vous a-t-elle plus marqué que les autres ?
Je pense à un Ougandais qui travaille depuis cinq ans au Qatar dans une entreprise de sécurité liée de près ou de loin à la Coupe du monde. Il fait un travail redondant. Sa condition de vie est inacceptable. Il fait face à un non-paiement de ces heures supplémentaires. Il fait aussi face à un mépris de sa vie. Mais il a fait venir sa femme au Qatar. Ils vivent à plusieurs heures de voiture l’un de l’autre. Ils vont essayer de se voir une fois par mois, pas plus. Quand il a fait venir sa femme, je m’en souviens, personne ne voulait la nourrir ou lui donner de l’eau. Il n’y a pas de sentiments, ce sont juste des robots. Cette histoire d’amour, c’est l’envie d’exister dans un pays où on est là juste pour travailler et pas pour s’émouvoir.
« Les esclaves de l’homme pétrole » de Quentin Müller et Sebastian Castelier, aux éditions Marchialy, 300 pages, 21,10 €.