Deux journalistes norvégiens ont été détenus temporairement au Qatar alors qu'ils enquêtaient sur les préparatifs de la prochaine Coupe du monde de football.
Ils ont été relâchés sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux, après plus de 30 heures de détention. Leurs images, les interviews qu'ils ont realisées ont été examinées à la loupe par la police. Relâchés, et repartis aussitôt à Oslo avec des bagages plus légers : ils ont été privés de leur matériel. Ces deux journalistes, Halvor Ekeland et Lokman Ghorbani, travaillent pour la chaîne de télévision publique norvégienne NRK. Ils enquêtaient sur les préparatifs controversés de la Coupe du monde de football. Ils ont été interpellés le 21 novembre à Doha, un an jour pour jour avant le coup d'envoi du Mondial.
Les autorités qataries reprochent aux deux journalistes une intrusion sur une propriété privée. Les intéressées répondent que l'autorisation avait été donnée oralement. Les autorités précisent également que "tous les permis de tournage leur avaient été remis avant leur arrivée", façon de balayer les soupçons d'atteinte à la liberté de la presse.
Une chose est sûre, il y a toujours des sujets sensibles, portants notamment sur les chantiers des stades de la Coupe du monde. Sujet sur lequel s'étaient penchés nos confrères norvégiens. The Guardian, le journal britannique, a mené une longue enquête et avance ce chiffre : 6 500 morts en dix ans parmi les ouvriers venus d'Inde, du Pakistan, du Népal ou du Sri Lanka. Le Qatar rejette ces accusations, et met en avant sa réforme du droit du travail, la mise en place d'un salaire minimum. Les organisations de défense des droits de l'homme veulent une enquête.
Nombreuses réactions en Norvège
Le ministre norvégien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur du Qatar à Oslo. Le Premier ministre qualifie les faits "d'inacceptable". La présidente du comité olympique norvégien veut "en finir avec l'attribution de grandes compétitions sportives à des pays qui ne respectent pas la liberté de la presse".
La Norvège n'est pas qualifiée pour la Coupe du monde 2022 mais l'idée d'un boycott a longtemps été évoquée dans le pays, avant d'être écartée. La chaîne NRK n'appelle pas au boycott. Sur son site internet elle promet de diffuser les matchs mais elle veut aussi poursuivre les enquêtes et plaide pour un "journalisme d'investigation, indépendant", au Qatar également