Publié le 28/09/2017 à 17h40 par SudOuest.fr avec AFP .
Des prêtres hindous ont intronisé jeudi une fillette népalaise de trois ans
nouvelle "déesse vivante" de Katmandou et l’ont emmenée dans un palais où elle devra
rester jusqu’à sa puberté.
C’est une tradition multiséculaire. Ce jeudi, Trishna Shakya,
trois ans, a été intronisée "déesse vivante" par des prêtres
hindous népalais. Vêtue d’une robe rouge, la
nouvelle "Kumari" – considérée comme l’incarnation de la déesse
hindoue Taleju – a été emmenée de la maison de sa famille jusqu’au Durbar Square,
place historique de Katmandou.
Dans les bras de son père, elle a été portée à la résidence où elle
restera cloîtrée jusqu’à ses premières règles . Elle ne pourra en
sortir que quelques fois par an à l’occasion de fêtes religieuses – et toujours
portée, car ses pieds ne doivent pas fouler le
sol impur.
"Mes sentiments sont partagés. Ma fille est devenue la
nouvelle Kumari et c’est une bonne chose. Mais il y a aussi de la tristesse
à savoir qu’elle va être séparée de nous", a déclaré son père Bijaya Ratna
Shakya.
Une enfance cloîtrée
Cette tradition multiséculaire, qui
mélange éléments hindous et bouddhistes, était étroitement liée à la
royauté qui a longtemps régné sur le Népal. Malgré
l’ abolition de la monarchie en 2008, le culte des Kumaris
(mot provenant du
sanskrit pour " princesse") a continué. Les
défenseurs des droits des enfants sont très
critiques vis-à-vis de cette coutume,
qui priveselon eux les " déesses vivantes"
d’enfance en les forçant à vivre coupées de la société.
En 2008,
la Cour suprême du Népal a décrété que
ces filles devaient recevoir une éducation , qui leur est
désormais prodiguée à l’intérieur du palais. Les anciennes Kumaris
ont témoigné des difficultés de réadaptation à la société après
leur règne.
Les Kumaris, filles pré-pubères de
la communauté Newar, doivent répondre à de stricts critères,
notamment physiques, comme un corps sans
imperfection, une " poitrine de lion" et des
" cuisses de daim". Même si une fille remplit toutes
les exigences physiques, elle doit également prouver sa bravoure en
évitant de pleurer devant le sacrifice d’un buffle.